Angkor le Cambodge

Phnom Penh: Nouveau depart

Suite a la deception indonesienne, on se demandait, en attendant notre avion a l aeroport de Kuala Lumpur (Malaisie), si les quatre mois et demi passes sur la route ne nous avaient pas rendu blases, si nous etions encore capable de nous emerveiller devant de nouvelles experiences.

L arrivee a Phnom Penh a mis fin a nos doutes. Ca s agite dans tous les sens, c est bruyant, c est different nous on adore. On a enfin compris ce qu on recherchait dans le voyage. Ce ne sont pas les destinations qu on nous vend comme magnifiques mais celles dont la beaute est noyee sous la crasse. Le Cambodge en fait partie, une histoire troublee par les exactions du tristement celebre regime Khmer Rouge, un des pays les plus pauvres du monde et pourtant un peuple si genereux.

En sortant de l aeroport, on emprunte un Touk Touk, LE moyen de transport local, on pensait avoir tout vu dans le domaine de l anarchie urbaine. Et bah non, a Phnom Penh, les usagers transforment les boulevards en sens unique, ca bouche a droite ?! Pas de souci ils prennent les voies de gauche. Nous voila donc avec notre Touk Touk obliges d escalader les trottoirs pour se frayer un chemin vers notre hotel. Hotel que notre chauffeur n a jamais pu trouver dailleurs, cette ville est une horreur pour se reperer meme pour les locaux. Le voila qui demande tout confus aux policiers qui ne peuvent pas plus l aider, pas de probleme on finira la route a pied ca ne nous fait plus peur.

Ca y est on a retrouve l envie de se perdre dans la ville, juste flaner le long du Mekong, admirer les bizarreries locales, respirer le melange d odeurs de poissons frais, de fruits et legumes au Central Market, ca nous rappelle les marches d Amerique du Sud. Un truc aussi qui n est pas negligeable quand on voyage (enfin pour nous), c est qu on mange bien, meme tres bien au Cambodge, fruits de mers, Pho et canard grille font le bonheur de nos papilles en berne depuis un mois.

Phnom Penh est vraiment agreable a vivre et sa population y est pour beaucoup de par sa gentillesse et sa bienveillance. Longtemps sous protectorat francais, la ville garde les vestiges de cette epoque coloniale mais le Cambodge a aussi sa propre histoire pour le pire et le meilleur comme on peut le constater au musee national et  a celui de Tuol Sleng.

 

Ca nous a redonner l envie de partir a l aventure d en decouvrir plus sur cette partie de l Asie. Nous nous sommes fixes pour objectif de suivre le Mekong du Sud au Nord pour rejoindre Myanmar (la piquante Birmanie) en passant par le Laos et redescendre ensuite en Thailande pour retrouver des amis, on finira ce long voyage par un retour au Cambodge pour y admirer les fameux vestiges d Angkor. Apparemment, c est pas gagner car le passage des frontieres par voie terrestre s annonce complique et la situation en Birmanie est un peu tendue (et oui! On se renseigne sur le MAE), mais on va essayer.(on a mis nos objectifs sur la map d accueil)

Le Laos : Au fil du Mekong

Les routes cambodgiennes sont une aventure a elles seules, les nids de poule y sont plus nombreux que dans un elevage de "Maitre Coq" et les motoculteurs transformes en tracteurs (les tractoculteurs) encombrent allegrement la chaussee.

On ne pensait pas qu'il etait possible d'attraper le mal de mer sur terre mais impossible n'est pas cambodgien, le roulis du bus et la proximite du Mekong nous donnent l'impression de faire le trajet en bateau.

 

Douze heures pour rejoindre le Laos au cours desquelles se succedent rizieres, cultures de lotus et jungle toujours sous la bienveillance du soleil comme on ne peut le voir qu'ici. Nous passons la frontiere a la nuit tombee, 30 minutes apres la fermeture du poste histoire de nous racketter 5$ pour les heures supp, tout est vraiment bien orchestre.

A l'origine, nous avions pris nos tickets pour la ville de Pakse mais comme on ne suit jamais nos propres plans nous stoppons en cours de route pour l'ile de Don Det dans la region des 4000 iles. Le probleme, on n'y avait pas pense avant, c'est que pour rejoindre une ile il faut prendre un bateau, pour prendre un bateau il faut de l'argent et le notre on l'a laisse a la frontiere. Heureusement on a rencontre un sympathique couple de jeunes retraites toulousains qui nous a offert la traversee.

 

En arrivant a Don Det on se demande ce qu'on est venu foutre dans ce repere a touristes. Tout est colonise par les hotels et les restaurants, rien de tres laotien. Mais parfois il arrive que le premier ressenti ne soit pas le bon, apres une nuit passee dans un bouge crasseux, nous nous enfoncons vers le Sud de l'ile avec l'espoir de trouver quelque chose de plus typique. Progressivement, le tourisme se fait de plus en plus discret laissant la place a l'agriculture et a des paysages plus sauvages, l'endroit ideal pour poser nos backpacks. Nous logeons chez Phao dont les bungalows au style epure embrassent le fleuve, il regne une atmosphere apaisante et envoutante propice a la meditation.

  

C'est le moment pour partir en compagnie de notre hote pour faire connaissance avec le mythe. Le Mekong est pour nous bien plus qu'un fleuve, qu'une frontiere naturelle. C'est une histoire, celle de l'Indochine dont nous ne gardons que de poussiereux souvenirs. C'est un poumon au coeur de l'Asie, source de vie pour la nature et les hommes. C'est un etre au temperament parfois tumultueux et c'est un prince a l'allure majestueuse lorsque ses eaux boueuses s'enflamment au coucher du soleil.

Le temps coule lentement entre les 4000 iles mais nous sommes presses de reprendre la route, il reste tant a decouvrir...

Vientiane : Etape capitale

Nous poursuivons notre remontee du Mekong a vive allure, une petite pause de quelques heures a Pakse et nous sautons dans un bus couchette pour faire la route de nuit vers Vientiane. Nous avons prevu de passer plusieurs jours dans la capitale afin d'accomplir les formalites pour nos visas indiens.

Le Mekong est toujours present mais il a perdu de son influence tout comme celle de la France qui s'est effritee devant l'arrivee des capitaux chinois. Vientiane reflete l'emergence du Laos ou le fosse entre richesse et pauvrete est abyssal.

Cela nous laisse du temps pour decouvrir le patrimoine culturel de la ville. A vrai dire Vientane est de ce point de vue beaucoup moins attrayante que sa voisine Phom Penh, par contre ce qui ne change pas c'est l'hospitalite des gens.Au detour d'une ruelle, on tombe au beau milieu d'une ceremonie funeraire, naturellement les convives nous invitent a partager un verre et vous savez qu'on ne refuse jamais... C'est le dernier jour d'une semaine de festivites, les traditions sont differentes mais on a en commun que toutes les occasions sont bonnes pour picoler. Apres 3 heures a se faire nourrir et rincer plus qu'il n'en faut, Flupke constatant qu'on etait en etat d'alerte canicule et qu'une partie de l'assistance avait depasse les quarante ans, decida, afin de ne pas reproduire les erreurs du gouvernement Raffarin de ravitailler ce joli petit monde.

Des dizaines de Lao-Beer plus tard (elle est tres bonne!) on se dit qu'on est tombe dans un traquenard, c'est vrai qu'on aurait peut etre pu le sentir venir. Il est a peine 17h et on a deja la tete sous la table, c'est le moment de se retirer presque dignement. A 18h on est dans nos lits pour le reste on ne se souvient plus de grand chose si ce n'est qu'ils savent recevoir.

On profite aussi de notre passage dans la capitale pour nous rendre au centre d'entrainement de l'equipe nationale de boxe Thai. Nan mais vraiment !? Vous auriez pu penser a notre integrite physique avant de nous fixer certaines missions. On a eu l'impression de livrer nos corps a la science, resultat des courses, 37 vertebres de deplacees pour Quick et une quadruple fracture de la machoire superieure pour Flupke. Si vous ne vouliez pas qu'on rentre il suffisait simplement de nous le dire. Pour vous rassurer quand meme, nous vous informons qu'aucun laotien n'a ete blesse au cours de l'exercice. Si c'etait a refaire (ce qu'on n'espere pas) nous choisirions l'equipe des poussins.

Nous reprenons notre route vers le Nord sans n'avoir pu obtenir nos visas indiens. C'est bien la premiere fois qu'on s'entend dire qu'on s'y prend trop tot et nous on vous dit a bientot.

Le conseil pratique : Attention ou vous mettez les pieds!
 Au Laos ils ont un vrai probleme avec leurs pieds. Peut-etre qu'a trop les plonger dans le Mekong, ils ont fini par choper des Mekoses (Ok elle est nulle...). Il est interdit de poser ses pieds sur le mobilier ainsi que de toucher quiconque avec sauf derogation pour les boxeurs Thai. Il existe meme des fascicules a l'attention des touristes.






Laos : Beaute sauvage

S'il est une experience incontournable a vivre au Laos c'est bien celle d'emprunter un VIP sleeping bus, ca reste moins exotique que de monter un elephant maltraite mais inoubliable surtout pour votre corps. On se demande encore ce que les trois lettres VIP peuvent bien signifier, ca ne vient certainement pas de l'anglais, car aucune d'elles n'aurait souhaite voyager dans de telles conditions. 165cm x 60cm voila la taille de votre couchette, c'est pas si mal s'il ne fallait pas la partager et helas pas avec le sexe oppose (ca fait longtemps qu'on se connait tous les deux mais on n'a jamais ete aussi proche).

Vous ajoutez a cela 10h de piste dans la montagne et le rapprochement mute vite en accouplement. A l'arrivee vous ne souhaitez que deux choses, trouver la masseuse qui vous remettra a l'endroit et prendre des distances avec votre partenaire.

Nous voila donc dans le nord du Laos, plus precisement dans la ville de Vang Vieng ou le Mekong a laisse sa place a un de ses confluents la Nam Song river et la temperature baissee de quelques degres meme si ce n'est toujours pas comparable a un hiver en France.

L'interet de Vang Vieng est d'etre situee au coeur de la jungle et des montagnes. De nombreux chemins de randonnee partent de la ville en direction des terres plus sauvages. Exactement ce que nous recherchions.

Nous sommes comme deux gamins a jouer aux explorateurs a la recherche de nouvelles voies dans cette foret vierge et exuberante ou toutes les nuances de vert sont reunies et ou les fougeres epiphytes poussent dans les arbres comme la mauvaise herbe dans le jardin. Il ne nous manque plus que les coupe-coupes pour y croire vraiment.

La faune n'est pas en reste non plus, des araignees aussi grosses que la main, des fourmis qui mangent les araignees et des papillons par centaines tous aussi beaux les uns que les...

- "He dis Flupke !? Tu l'as vu c'lui la il est magnifique ! Tu connais cette espece ?"

- "Heu je crois que tu peux reformuler au passe, parce que tu viens juste de l'applatir avec ta chaussure de rando et c'etait peut etre son dernier representant."

- "Oh zut le pauvre ! C'est vrai qu'il a pas l'air en super forme. Bon au pire je l'ai prive que de quelques heures de sa vie."

Ca c'etait pour se conforter dans l'idee que notre impact sur la nature est tout relatif et nous voila repartis dans notre exploration.

De nombreuses caves creusees dans la roche par d'anciennes rivieres forment un veritable reseau souterrain au sein de la chaine montagneuse aiguisee comme les dents d'un dragon. Leur acces est souvent difficile et c'est une belle recompense de pouvoir se perdre dans l'obscurite de ces immenses cavites. Nous avons le sentiment etrange et oppressant d'etre passes dans l'autre monde et que seules nos frontales sont notre lien vers la vie. D'ailleurs, il est important de s'assurer de l'etat de ses piles avant de s'y aventurer seul. Sinon il reste toujours l'option de prendre un guide mais nous on est des radins...

Le conseil pratique : Apprendre le laotien c'est facile.
Le  laotien est une langue rudimentaire tres simple a assimiler. Par exemple pour montrer sa gratitude il suffit de rajouter lalay a la fin de chaque mot (Khob chai lalay pour dire merci tres beaucoup et sep lalay c'est tres tres bon). Un moyen memo-technique infaillible est de se souvenir de la chanson "The Boxer" de Simon et Garfunkel qui maitrisaient, peut etre sans le savoir, parfaitement le laotien.

Un passage eclair par la ville de Luang Prabang plus au nord qui n'a eu pour seul interet que d'y retrouver notre compagnon de route Anton, un top model allemand qui a finance son voyage grace a quelques cliches realises etant gamin. Depuis Phnom Penh nos routes se croisent puis se perdent au gre des etapes qui jalonnent le parcours habituel d'un touriste au Laos. Un axe Nord-Sud duquel il est difficile de s'extirper. Malgre qu'Anton soit un model allemand, Flupke n'a pas souhaite rechauffer une nouvelle fois les relations entre nos deux pays estimant qu'elles l'etaient suffisamment apres ses efforts fournis en NZ.

Finalement nous n'irons pas en Birmanie, le passage de la frontiere par voie terrestre nous aurait contraint a etre assignes a un seul district (les avis divergent a ce sujet). Nous prenons l'option de repasser par Vientiane pour ensuite rejoindre Bangkok. C'est une ville qu'on a appris a aimer et ou nous y avons nos habitudes. On commence a etre connus dans le quartier.

Nous vous souhaitons a tous de bonnes fetes de fin d'annee !

Angkor le Cambodge :

Petit detour par la Thailande pour y retrouver les epoux Gilles avant de finir par le Cambodge et ainsi conclure notre boucle en Asie du Sud Est.

Bangkok ressemble pour beaucoup a sa voisine Phnom Penh, immense, vivante et bruyante. Une soiree dans la capitale thai et nous partons pour l'ile de Koh Samet plus au Sud. Deux jours a profiter de la plage, jouer a la belotte et feter nos retrouvailles en se saoulant au Sang Som. Un mariage a Chang Mai pour Sylvia et Vincent et nos demandes de visas indiens au Cambodge font que nos routes se separent rapidement.

Nous passons la frontiere entre les deux pays au Nord a Poipet afin de rejoindre Siem Reap. Il est inconcevable de venir au Cambodge sans visiter Angkor Wat. Un passage de frontiere c'est toujours l'occasion de vivre des situations cocasses comme celle de se retrouver dans un casino en tongs et sac a dos a la recherche d'US dollars pour financer notre entree sur le sol cambodgien.

Nous voila donc a Siem Reap, point de depart pour Angkor, envahie par les touristes, les vacances de noel se font sentir. Toujours contraints par nos visas nous prenons l'option "Excursion a la japonaise" une journee en Tuk Tuk pour visiter le site, depart cinq heures du matin pour beneficier du sunrise.

Dans la nuit, nous assistons au ballet incessant des Tuk Tuks qui se pressent pour deposer leurs clients avant le lever du soleil. Comme d'hab on a herite du moins violent d'entre eux et on se fait gratter par tous les autres. La masse de visiteurs n'enleve rien a la magie du lieu. On pensait avoir tout vu en matiere de Wats mais Angkor c'est different.

La cite qui s'etend sur plusieurs kilometres carres est composee d'une multitude de temples dont le plus celebre d'entre eux est Angkor Wat d'ou son nom (hehe). Angkor est certainement la plus belle expression de la culture et du savoir faire Khmer. Il est impossible de ne pas etre emerveille par ses architectures grandioses, par les visages enigmatiques de Bayon et par la nature qui coute que coute reprend ses droits sur la creation humaine.


Il y regne une atmosphere emprunte de spiritualite semblable a celle qu'on avait ressenti au Machu Picchu. Son rang de huitieme merveille du monde n'est pas usurpe on vous l'assure. Nous regrettons simplement d'avoir effectue cette visite au pas de charge.

Le conseil pratique : Profiter d'Angkor encore et encore.
A notre humble avis, la visite d'Angkor necessite bien trois jours (20$ pour un jour et 40$ pour 3 jours). Louez un velo depuis Siem Reap (1$ par jour) et en une demie-heure rendez vous sur le site. Deambulez sans vous presser sur les routes de la cite au milieu des vestiges des parcs et des elephants. Impregnez vous de cette atmosphere si particuliere sans faire une overdose de temples. ENJOY.

Angkor aura ete le point d'orgue de notre sejour en Asie mais il nous faut desormais retourner a Phnom Penh pour ces #*@^ de visas indiens.

Un lundi matin a la Indian Embassy : 

- " Bonjour monsieur, on vient pour une demande de visas"

il nous repond poliment 

-"Vous avez bien rempli le formulaire avec les pieces annexes?"

-" Tout est la monsieur! Il faut dire que c'est la quatrieme fois qu'on vient, on connait la maison comme on dit chez nous."

-"Faites voir (il examine nos dossiers). Et bien vous etes bons pour revenir a la maison une cinquieme fois!"

-"De quoi? C'est une blague? C'est pour la camera cachee?"

-"No no look! C'est ecrit la en petit rendez vous a l'ambassade le 26, et nous sommes le...?"

-"Le 23... merde, mais vous etes pires que la secu" (il comprend pas bien la reference)

Et bien on fetera noel a Phnom Penh meme s'il nous est difficile de l'imaginer. Il fait chaud et a part un pauvre pere noel americain rien ne nous evoque reellement les fetes. Ca reste neanmoins un bon pretexte pour se la coller et quoi de mieux qu'un whisky indien pour prouver qu'on est pas rancuniers. Resultat on etait au lit a 22h, vous n'aviez pas encore entame les huitres, c'est moche.

Le 26 tout se passe pour le mieux et on peut enfin prendre conge de la furieuse capitale pour aller se reposer dans le Sud du pays a Kampot, petite place paisible ou il n'y a pas grand chose a faire, juste apprecier.

En attendant de retrouver nos passeports (enfin on l'espere) nous vous souhaitons un beau reveillon et nous vous disons a l'annee prochaine en Inde.

HAPPY NEW YEAR !!!

(a regarder 1 minute sans cligner des yeux)